Histoire de la famille SAFFRE

Histoire de la famille SAFFRE (LESAFFE ou LESAFFRE) entre 1599 & 1879,

établie par Robert SAFFRE, fils d‘ Edouard & de Germaine SAFFRE VAN QUAETHOVEN, vers l’année 1970 (ré-édité 1987-07).

Document digitalisée par Luc SAFFRE en juin 2023.

Jacques LESAFFE

L’histoire connue de la famille SAFFRE commence à Wez-Velvain, village du Tournaisis, en 1599.

A cette époque, vivaient à Wez, trois frères et deux soeurs LESAFFE.

Les trois frères se prénommaient Bauduin, Jacques et Antoine. Les deux soeurs Marie et Levine.

  • Bauduin épouse à Wez, le 16 mai 1599, Marie WAUCQUIER.

  • Jacques, l’ancêtre connu de la famille, imite son frère en convolant le 19 novembre 1599 avec Jehanne PLUMECOCQ.

  • Quant à Antoine, il épouse à une date inconnue Marguerite DELAPORTE.

Les deux soeurs, Marie et Levine se marièrent respectivement le 15 octobre 1606 et le 12 septembre 1610. Marie épousant Nicolas DESWATINE et Levine, François CORBU.

Bauduin LESAFFE ne laisse aucune postérité connue.

Antoine aura cinq enfants, trois garçons et deux filles entre 1606 et 1617.

Jacques et Jeanne tiendront sur les fonts baptismaux Antoine LESAFFE, né à Wez le 10 décembre 1600, qui restera leur fils unique.

Antoine LESAFFE

Antoine LESAFFE, fils de Jacques, épouse Marie HAROU, de quatorze ans sa cadette. Nous ignorons la date du mariage mais nous savons que de cette union naquirent quatre enfants, trois filles et un garçon.

La fille ainée, Anne, vient au monde le 6 août 1653, Jean suit le 31 mars 1655, Marie-Anne le 11 juillet 1658 et enfin Marie-Michelle le 17 avril 1661.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Antoine LESAFFE n’est pas un jeune papa. Il a 52 ans à la naissance de son ainée. Il en aura 60 lorsque vient au monde en cadette, Marie-Michelle.

Cet homme, d’ailleurs, devait être d’une constitution peu commune, car non seulement il devient père à un age où ses contemporains sont des vieillards mais encore il vivra, cas rare à l’époque, jusqu’à 90 ans. Il décède à Wez le 15 avril 1691. Son épouse, Marie HAROU, le suivra dans la tombe le 31 août 1693.

Jean LESAFFE

Le fils unique d’Antoine, Jean, se distingue en engrossant hors mariage la demoiselle DELRUE Catherine, fille d’Antoine DELRUE et de Marguerite LANDRIEU. De cette union illicite naît une fille Marie-Arnould, le 16 septembre 1679.

Jean LESAFFE réparera sa faute en épousant Catherine DELRUE le 17 mai 1680. Ses ardeurs ne sont d’ailleurs nullement calmées par le mariage. Entre 1679 et 1692, il fera encore onze enfants, six filles et cinq garçons.

Celui qui nous intéresse c’est Jean, né à Wez le 6 juin 1682. Il sera l’ancêtre de tous les SAFFRE de Basècles. Avec Jean, nous quitterons définitivement Wez-Velvain, berceau connu de la famille SAFFRE.

Jean quitte Wez-Velvain entre 1700 et 1709. Il laisse derrière lui toute sa famille et rien ne nous laisse penser qu’il revint un jour dans son village natal.

Pourquoi est-il ainsi parti seul à l’age de 18 ou 20 ans ?

Nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses, mais il est permis de penser ceci:

Le 12 novembre 1700, le Duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, est proclamé Roi d’Espagne. Dès lors, les provinces des Pays-Bas vont connaitre l’administration française, autrement dit celle de Colbert. Les réformes principales seront d’ordre fiscal et militaire. Les mesures nilitaires instaurant la conscription par tirage au sort soulèvent un mécontentement général.

A tel point qu’en 1703, le clergé du Hainaut, pourtant favorable à Louis XIV remontrait au Roi que „les peuples de ce pays aiment plus leur liberté que leur vie, dès qu’on obligera un jeune homme à être soldat, deux autres s’en iront servir dans les troupes étrangères.“

Jean LESAFFRE (remarquons que le „r“ s’est entretemps ajouté) fuyant le service militaire du Roi de France s’est-il dirigé vers la Hollande avec l’intention de s’engager dans l’armée des Payo-Bas ? C’est fort possible. En tout cas, il se dirige vers le nord. Il n’ira pas plus loin que Ghoy.

Ghoy, village à peine plus important que Wez-Velvain, se trouve à peu près à 70 Km de Wez, entre Lessines et Grammont.

Quelles raisons arrêtent Jean LESAFFRE à Ghoy? L’amour, la guerre, les deux peut-être? Toujours est-il qu’il s’y fixe pour vingt ans au moins.

Peu après son arrivée, il y rencontre Catherine CAPRON, née à Ghoy le 16 février 1689. Il l’épouse le 28 novembre 1709.

Là se situe un mystère. Au moment du mariage, un enfant existe dont l’acte de baptême est resté introuvable mais dont l’acte de mariage permet de situer la naissance entre 1705 et 1706. La mère n’a donc que seize ou dix-sept ans à la naissance. Cet enfant est-il le fils de Jean LESAFFRE? Mais pourquoi, alors, avoir attendu trois ans au moins pour régulariser la situation? Jean a-t-il épousé ce que nous appellerions aujourd’hui une mère célibataire? L’énigne demeure.

Or, cet enfant, Jean Charles Joseph LESAFFRE est notre aieul direct et à ce titre, il est regrettable que ses origines demeurent obscures.

Tisserand

Mais arrêtons nous un instant au père supposé et en tout cas légal de ce Jean Charles Joseph. Jean LESAFFRE est tisserand de son état. Issu très certainement d’une de ces familles de tissrands ruraux si nombreux au XVIIe siècle autour de Lille et Tournai.

Il possède également une culture très supérieure à celle de sa classe sociale. L’aisance de son écriture en témoigne alors que les gens de son niveau sont pour la plupart illettréa. Nous possédons un acte de baptême de jumeaux daté de 1719 portant les marques du père et des deux parrains et marraines. Nous y voyons quatre croix et une signature, celle de Jean LESAFFRE, un des parrains.

Après leur mariage, Jean et Catherine auront encore quatre enfants.

  1. Jean-Baptiste né le 17 novembre 1710, mort en bas age.

  2. Charles Joseph (a ne pas confondre avec Jean Charles Joseph) né le 30 octobre 1719.

  3. Marie Joseph née le 5 février 1721

  4. Marie Catherine née le 2 juin 1723

Le dernier acte trouvé à Ghoy et concernant la famille LESAFFRE est daté du 31 janvier 1725 par lequel Jean LESAFFRE signe en qualité de parrain l’acte de baptême de Jean Baptiste CAPRON, son neveu.

Nous pouvons donc situer le départ de Ghoy entre 1725 et 1735.

Départ de Ghoy

Quelles raisons impérieuses vont pousser ce père de famille de plus de quarante ans à quitter un village où il vit depuis vingt ans? Encore une question qui pour l’instant reste sans réponse. Toujours est-il qu’il part avec sa femme et ses quatre enfants vers son pays d’origine : le Tournaisis.

Toutefois, il ne retournera pas à Wez mais se fixera à Basècles.

Basècles connait alors, per l’exploitation de ses carrières, un essor économique sans précédent.

Et pourtant, Basècles ne lui portera pas bonheur.

Jean LESAFFRE verra son fils ainé séduire une jeune fille du village, sa fille se faire enlever par un amant et il périra enfin tragiquement dans l’incendie de sa maison le 21 février 1746. Son épouse, Catherine CAPRON décèdera à Basdeles le 23 septembre 1749.

Entrons dans les détails: Le 23 février 1735, Catherine FOULON, jeune fille de Basècles, met au monde un enfant de sexe male auquel est attribué au baptême le prénom de Nicolas.

Catherine FOULON déclare sous serment devant le maieur et échevins que cet enfant est né des oeuvres de Jean Charles Joseph LESAFFRE tisserand de son état et jeune homme à marier.

Le scandale n’a pas du plaire à Jean LESAFFRE. Il n’assistera pas au mariage de son fils ainé, lequel pourtant régularise la situation en épousant Catherine FOULON le 25 novembre 1735.

Le tempe arrange bien des choses et l‘ „incident“ de 1735 parait oublié quand en 1744, un nouveau scandale, bien plus grave que le précédent, éclate dans la famille.

Marie Joseph, fille ainée de Jean, se fait enlever par Pierre Noël DEWAMES et part vivre avec lui à Bernissart. Six mois plus tard, les deux amants reviennent à Basècles pour se marier.

Jean LESAFFRE renie sa fille mais Jean Charles Joseph prend le parti de sa soeur et pour que nul n’en ignore, il sera son témoin au mariage de celle-ci le 8 février 1745.

Désormais, la rupture est complète entre le père et le fils. A tel point que Jean Charles Joseph, dès le mariage de sa soeur, abandonne son premier prénom Jean et signe dorénavant Charles Joseph LESAFFRE sur tous les documents que nous avons pu consulter.

Il est aussi possible, simple hypothèse de notre part, que Charles Joseph ait découvert l’irrégularité de sa naissance et peut-être 1’identité de son véritable père. Il est prouvé, en tout cas, que pendant les dix années qui suivent et jusqu’à la mort de Jean LESAFYRE, père et fils vont vivre dans le même village comme étrangers l’un à l’autre.

Jean LESAFFRE et son épouse Catherine CAPRON seront tous deux décédés lors du mariage de leur fils cadet Charles Joseph avec Marie Thérèse BLEU le 26 novembre 1749.

Remarquons en passant qu’au jour de son mariage Charles Joseph porte le deuil de sa mère décédée deux mois plus tôt.

Bien établis à Basècles

Faisons le point : La famille LESAFFRE est maintenant bien établie à Basècles et adoptée définitivement.

C’est une famille d’artisans, tisserands et fileurs de lin, assez prospère pour prétendre aux meilleures alliances du village.

Ils n’y manqueront pas.

Nous l’avons vu, le cadet de Jean LESAFFRE, Charles Joseph, a épousé Marie Thérèse BLEU, fille de Gilles et de Catherine HERMANT. Or, Gilles BLEU est échevin de Basècles. Il est maréchal-ferrant, aubergiste du „Cerf“ et un des gros fermiers de la commune.

Il cultive 17 bonniers (± 22 ha). Bref, un beau mariage.

A l’aube de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, nous trouvons à Basècles:

La branche ainée, Jean Charles Joseph et son épouse Catherine FOULON. Ils ont cinq enfants:

  • Nicolas Joseph, l’ainé, l’enfant de l’amour Marie Anne Françoise née en 1727, épousera le 9 novembre 1761 Adrien WATTIEZ.

  • Marie Brigitte née en 1741, morte en 1751.

  • Pierre Joseph né en 1745, épousera le 6 février 1771 Marie Rosalie SAUVAGE.

  • Marie Adrienne née en 1747, sera la marraine de Pierre Joseph, fils de son frère Nicolas.

La branche cadette, celle de Charles Joseph et de Marie Thérèse BLEU, verra naitre un fils, Charles François, le 27 septembre 1750 qui meurt à l’age de cinq ans.

Le couple aura encore deux filles, Marie Caroline née en 1753 et Marie Joseph née en 1756.

Ces deux soeurs se marieront le même jour (15 février 1779). La première épousant Pierre CALCUS et la seconde Jacques COCU.

Quoiqu’il en soit, la branche cadette s’éteint par les mâles et seule subsiste la branche ainée de Jean Charles Joseph.

Nous ignorons la date de décès de Jean Charles Joseph mais nous savons qu’il survivra à son épouse, Marie FOULON, morte à Basècles le 17 janvier 1780.

Son frère cadet, Charles Joseph, était mort à 41 ans, le 28 avril 175X.

Nicolas Joseph SAFFRE

Nous arrivons à présent à la génération suivante, celle de Nicolas Joseph LESAFFRE, le responsable innocent et involontaire du „scandale“ de 1735.

Nicolas Joseph LESAFFRE épouse le 31 juillet 1769, Marie Ernestine DAUDERGNIES.

A cette époque, la famille DAUDERGNIES est sans conteste la première famille de Basècles.

Maîtres laboureurs, ils donneront à la commune de nombreux mayeurs et échevins.

Le grand-oncle de Marie Ernestine est François DAUDERGNIES, fermier de St Martin et ancien mayeur. La ferme St Martin, propriété de 1’Abbaye de St Ghislain, était la ferme la plus importante de BAsècles et par conséquent, son fermier était un personnage considérable et considéré.

Marie Ernestine sera la grand-tante de Jean Baptiste DAUDERGNIES, le bâtisseur, l’illustre enfant de Basècles dont d’autres, mieux que nous ne pourrions le faire, ont tracé la biographie.

Au mariage de Nicolas assisteront en qualité de témoins, Jean Philippe LANDRIEU et Jacques MERCIER dont les pères sont tous deux maîtres de carrières et échevins.

Bref, tout le „gratin“ de Basècles est présent au mariage de Nicolas.

Ce Nicolas abandonne pour la première fois le „LE“ de son patronyme. Il signe Nicola (sans S) SAFFRE. En fait, il ne fait qu’imiter d’autres familles de la région, notamment les LEBLEU, les LELOMBARD, etc…

Nicolas Joseph et Ernestine DAUDERGNIES auront huit enfants.

  • L’ainée, Marie Elisabeth, née le 25 janvier 1770.

  • Pierre Joseph est le second, né le 25 novembre 1771.

  • Le cadet, Nicolas Joseph (junior), né le 31 octobre 1793.

Nicolas Joseph décède en 1802. Il est veuf depuis quatorze ans, son épouse, Ernestine DAUDERGNIES étant décédée le 3 avril 1788.

Déclin

Voici naître le XIXe siècle où nous verrons deux générations de SAFFRE décliner à la fois au niveau culturel et social.

C’est avec Pierre Joseph SAFFRE, fils de Nicolas et d’Ernestine DAUDERGNIES que s’amorce le déclin.

Alors que depuis plus d’un siècle, les LESAFFRE apparaissent nettement plus cultivés et plus instruits que leurs contemporains du même échelon social, nous voyons Pierre Joseph signer d’une écriture d’enfant, hésitante, malhabile. Néanmoins, il peut encore écrire son nom. Ses fils, eux, signeront d’une croix.

Déclin social aussi. Terminée la lignée d’artisans aisée et indépendants.

Pierre Joseph est saisonnier, autrement dit, ouvrier agricole au service d’un patron. Il épouse, à une date restée inconnue, Anne Josèphe BACHY, née à Basècles le 9 juin 1776, fille de Jean François et de Constance ROSETTE. Profession de l’épouse: tricoteuse. Fini les beaux mariages.

Ils auront deux fils Hubert et Nicolas. Hubert naît à Basècles le 4 avril 1799. Son acte de baptême sera le dernier acte officiel reprenant le patronyme „LESAFFRE“. Nicolas naît cinq ans plus tard.

Les deux frères seront tailleurs de pierres, simples ouvriers qualifiés au service de leurs patrons, les maîtres de carrières.

Ils seront aussi, tous deux, absolument illettrés.

Pierre Joseph SAFFRE décède le 26 août 1631.

Son épouse, Anne Josèphe BACHY, lui survivra de trente et un ans, presque jour pour jour. Elle mourra à Basècles le 25 août 1862 après avoir eu la douleur de perdre son fils ainé Hubert, mort à cinquante trois ans, le 30 septembre 1852.

Hubert SAFERE avait épousé le 28 août 1826, à Thumaide, Victorine PONCHELET, fille d’Alexandre et de Marie Philippe MAUROY. Le jeune couple avait eu un enfant hors mariage, Hubert, né à Thumaide le 11 novembre 1625. Ils auront encore quatre enfants : Pierre, Louis, Godelieve et Alfred. A la suite d’un accident de carrière, Hubert SAFFRE avait abandonné la profession de tailleur de pierres. Cet accident l’avait, semble-t-il, laissé infirme et il avait ouvert un café (en face de l’usine BATTAILLE). A sa mort, en 1852, son épouse, Victorine, reprend l’établissement. Mais la tâche est difficile pour une femme seule. Aussi se remarie-t-elle bientôt avec Jean François DUPREZ, douanier retraité.

Victorine PONCHELET décède le 15 février 1879 chez son fils Louis, rue de la Station à Basècles.

A présent, l’époque des vaches maigres est passée. Momentanément. Louie SAFFRE est Maître marbrier. Il épouse à Thumaide le 2 Janvier 1862, Catherine Désirée PONCHELET, sa cousine. Pour ce faire, les jeunes époux ont dû obtenir les dispenses du deuxième degré de consanguinité en ligne collatérale.

Louis SAFFRE et Catherine PONCHELET connaîtront une remarquable prospérité, vivront dans l’aisance une grande part de leur vie pour connaître, avec la vieillesse, la pauvreté et presque le dénuement.

FIN DE LA PERIODE 1599 - 1879